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L'écriture inclusive : le débat
Fin de match sifflée aujourd'hui par le chef du Gouvernement Édouard PHILIPPE d'un point de vue administratif, en décidant de bannir l'écriture inclusive des textes officiels, condamnant des initiatives isolées, et par le linguiste Alain BENTOLILA du point de vue de la langue. Éminent professeur de linguistique à l'université Paris Descartes, vénéré en éducation prioritaire tant il a fait pour la lutte contre l'illettrisme et pour l'accès de tous à la lecture, il a offert concrètement des mines d'or à des enseignants en quête de méthode pour les plus défavorisés, loin des petites phrases, des postures et de la grandiloquence déconnectée de la réalité de terrain que l'on voit trop souvent chez de "bons conseillers".
Du côté des "simples citoyens", on notera la prise de position de Vincent MICHEL, président de la Fédération des Aveugles et Amblyopes de France, pour qui les défenseurs de l'écriture inclusive - "proprement indéchiffrable" - font preuve d'une "inculture incroyable et de confusion redoutable".
21/11/2017
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Un message clair aujourd'hui, de la part de notre ministre,
de nature à nous réjouir :

"Il y a une seule langue française, une seule grammaire,
une seule République."
A lire ici : notre lettre ouverte au Ministre de l’Éducation nationale monsieur Jean-Michel Blanquer.

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Depuis cette semaine de rentrée scolaire, le débat prend un tour supplémentaire, avec une nouvelle attaque en règle contre la langue française, orchestrée par Eliane VIENNOT -- qui a notamment dirigé la publication de l'ouvrage L'Académie contre la langue française - dans une tribune datée du 07/11/2017 intitulée "Nous n'enseignerons plus que le masculin l'emporte sur le féminin", (signée entre autres par Raphaël HADDAD, fondateur de l'agence de communication Mots-Clés, auteur du Manuel d'écriture inclusive,2016) proposant de remettre au goût du jour les accords de proximité, antérieurs au XVIIe siècle et à la normalisation de la syntaxe (ex. les hommes et les femmes sont grandes).

Un débat sur le plateau de BFMtv ce mercredi 08/11 a opposé sur ce sujet Mme VIENNOT à Marie-Estelle PECH, journaliste au Figaro spécialisée dans les questions d'éducation.

Notre ministre de l'Education nationale s'est prononcé sur la question, déclarant devant les caméras :
"
La langue française n'est pas à instrumentaliser pour des combats aussi légitimes soient-ils. Nous sommes tous pour l'égalité hommes / femmes, il y a beaucoup à faire, et je ne suis pas sûr que c'est en faisant chaque jour une remise en cause de la grammaire que l'on mène le meilleur des combats sur ce point."

Une contre-pétition a d'ailleurs été lancée samedi 10/11 par Emmanuelle Fontenit, Professeur de lettres au lycée Saint-Louis-de-Gonzague à Paris, contre "ces "combats dits "féministes" qui abîment la langue française".
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Rappel : Concrètement, à quoi ressemble l'écriture inclusive ?
Voici l'extrait du manuel de CE2 (Magellan et Gallilée - Questionner le monde, Hatier 2017) qui a récemment porté le débat sur le devant de la scène :

« grâce aux agriculteur.rice.s, aux artisan.e.s et aux commerçant.e.s, la Gaule était un pays riche »
Elle consiste à faire apparaître au sein du mot, une forme à la fois masculine et féminine, suivie le cas échéant de la marque de pluriel, au nom de l'égalité des sexes.

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Alors que nous voyions que certains journalistes - professionnels de l'écriture au quotidien à destination du grand public - prenaient doucement leurs distances par rapport à l'écriture inclusive et sa prétendue utilité dans la lutte pour l'égalité femmes / hommes (cf. positionnement actuel des rédactions web de 20 minutes, l'Express et LCI, visible ici), nous avons découvert ce matin un document émanant de l'Académie de Lyon, et plus précisément de l'Inspection pédagogique régionale de Lettres, à destination des enseignants, qui, malgré la distance prise par nos ministre et secrétaire d’État Jean-Michel Blanquer et Marlène Schiappa, utilise l'orthographe inclusive - sans parvenir à en maîtriser les codes graphiques par ailleurs ...
En
voici le texte.

Nous pouvons légitimement nous demander la valeur ajoutée d'une telle utilisation, les femmes étant largement majoritaires dans la profession, et ne se sentant nullement dévalorisées ou laissées pour compte dans le quotidien de leur profession par l'emploi de termes neutres ...
30/10/2017
 
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A noter : S'opposent nettement à son usage et à son enseignement à l'école, "qui complique l'apprentissage de la lecture", à la fois le ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel BLANQUER (Bourdin direct, BFMTV et RFM le 16/10/2017) et la Secrétaire D’État chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, Marlène SCHIAPPA (France 5, C Politique, LE DEBAT/Écriture inclusive : gadget ou vrai combat ? 22/10/2017 - intervention de 25' à 27').  Mme le Secrétaire D’État indique par ailleurs ne pas l'utiliser dans ses propres ouvrages.
A lire aussi : Le "cri d'alarme" - "Déclaration de l'Académie Française sur l'écriture dite « inclusive »

adoptée à l’unanimité de ses membres dans la séance du jeudi 26 octobre 2017".

26/10/2017
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Circule actuellement dans les médias la déclaration : "Les trois quarts des français soutiennent l’écriture inclusive". C’est vrai ou c’est faux ?

Décryptage sur Europe 1 par Géraldine WOESSNER, Le vrai-faux de l'info - jeudi 19/10/2017

"Eh bien c’est faux, et quand on lit le sondage en détail, c’est un modèle de manipulation. La première question qui est posée au panel de 1.000 répondants est : "Connaissez-vous l’écriture inclusive ?". Là, on se dit que s’ils sont pour, c’est qu’ils connaissent. Pas du tout puisque 29% en ont vaguement entendu parler, 12% seulement savent vraiment ce que c’est. L’institut leur explique donc mais il ne donne pas la bonne information, il se contente de dire aux sondés que l’écriture inclusive c’est la féminisation des noms de métiers ou l’usage de "celles et ceux", plutôt que de "ceux". Pas un mot sur l’écriture qui fait polémique et notamment le fameux point central, le découpage des mots. Sur cette base, trois quart des répondants disent que oui, ils sont plutôt pour la féminisation des métiers sauf que l’on est complètement à côté du sujet.

Et c’est là qu’intervient l’organisme qui a commandé, payé le sondage et va le vendre à la presse. C’est une agence de communication qui s’appelle "Mots-clés", dont le fondateur est justement l’auteur d’un manuel d’écriture inclusive. Cette agence milite activement pour que cette forme soit adoptée et pour l’imposer dans le débat. Voici ce qui est écrit sur son site internet : "C’est en imposant ses mots, qu’on exerce son influence". "Il n’y a pas de leadership commercial sans leadership culturel". Nous n’avons rien trouvé sur le féminisme. Mots-clés se vante d’être à l’origine d’autres expressions à la mode comme "bien-manger", "Big Data Responsable". On ne parle pas de féminisme mais de commerce ..."

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Ceci nous fait penser que la dernière fois qu'un communiquant a prétendu servir la cause féministe, cela a mené à la fameuse expression "les torches de la liberté", présentant astucieusement le tabagisme en public comme une conquête que les femmes feraient sur un territoire masculin ...

A lire, ce très bel article de l'ISCPA Paris (Institut Supérieur des Médias) du 23/05/2016 sur "La fabrique du consentement".

19/10/2017

 
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