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L’avenir des Langues et Cultures de l’Antiquité en collège

pour l’année scolaire 2018-2019 : communiqué - 25 / 04 / 2018


        Depuis le début de l’année 2018, nous ne pouvons que nous féliciter des nombreuses interventions de membres de notre Institution scolaire et des personnes qu’elle mandate, pour rappeler le bien précieux que constituent les Langues et Cultures de l’Antiquité, « foyer qui façonne notre langue et notre culture », qui « doivent s’apprendre certes pour elles-mêmes, mais aussi pour mieux maîtriser le français » et qui « participent de l’émancipation des élèves ». Le ministre a ainsi restitué aux langues anciennes leur statut d’enseignements facultatifs et en partie leurs horaires : 7 heures (au lieu de 8 avant 2016) réparties sur le cycle 4 (classes de 5e, 4e, 3e), modulables « sur l’ensemble du cycle afin de les adapter aux projets des professeurs ».
 

Mais force est de constater qu’une tension existe entre cette revalorisation des langues anciennes, nécessaire à l’heure où « assurer aux élèves français une meilleure acquisition de la langue devient un enjeu majeur et prioritaire au regard de leurs résultats aux évaluations internationales », et la volonté du ministre par ailleurs de laisser aux chefs d’établissement et aux équipes éducatives « l’autonomie en matière d’usage des volumes horaires, sur la base d’un projet partagé par toute la communauté éducative ».
 

En effet, l’on constate malheureusement sur le terrain, que les langues anciennes font encore trop souvent l’objet de procès d’intention – « inutiles, coûteuses, élitistes » entend-on encore – et se retrouvent ici et là en concurrence effrénée avec d’autres options, soutien ou activités proposées. De fait, comme le montrent différents sondages, réalisés par la CNARELA notamment, ou de manière indépendante comme celui présenté en annexe, les 7 heures pleines mentionnées par la circulaire du 24 janvier 2018 ne seront majoritairement pas allouées, pour des motifs extrêmement divers :
 

  • La séparation artificielle en 5 heures de latin et 2 heures de grec, sans possibilité de cumuler le latin et le grec, et donc en réalité destinées à des élèves différents, qui ampute les premiers des horaires auxquels ils peuvent prétendre – rappelons à toutes fins utiles qu’en 2015, ils auraient pu avoir 8 heures de latin et 3 heures de grec ;

 

  • La nécessité d’ouvrir plusieurs groupes de latin d’un même niveau du fait des inscriptions parfois nombreuses. En effet les professeurs, quand ils sont soutenus par leur personnel de direction, font un travail exceptionnel suscitant les vocations. Cependant, l’inconvénient du succès est un horaire réduit souvent 5 ou 6 heures par élève sur son cycle 4, faute d’heures suffisantes dans la marge pour doter pleinement tous les groupes, et qui contraignent professeurs et direction à des choix cornéliens entre avec des horaires pleins, et groupes multiples aux horaires amputés,en contradiction avec le texte de la circulaire, qui indique que «  ». Il semble que la «  » dont fait mention la circulaire », ne soit attribuée que de manière marginale ;

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  • La concurrence entre plusieurs options, non cumulables parfois, et avec les autres disciplines, entre dédoublements et AP qui plonge certains professeurs dans une situation intenable de marchandage permanent et de justification – comme le rappelle à juste titre Pascal Charvet, «  » : que peut en effet répondre un professeur dévoué à son métier, à qui l’on demande publiquement de choisir entre 1h pour les LCA, et ½ heure de dédoublement de français « pour le bien de tous » … 

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Notons que les EPI tendent à disparaître, eux qui étaient nés d’une transformation d’heures autrefois fléchées LCA, et que l’initiative, que nous saluons, de permettre aux élèves de bénéficier d’un EPI de présentation du latin en 6e, sera peu mise en œuvre à la rentrée prochaine.

Dans les cas les plus inquiétants, certains professeurs font face à une hostilité aux langues anciennes, et se voient rétorquer que les 7 heures ne sont « qu’une indication, une suggestion » et n’ont pas vocation à faire force de loi, n’étant mentionnées « que dans une circulaire » – quand ils ne font pas l’objet de pressions ou de menaces (à la fermeture, à l’emploi du temps …, encore une fois en contradiction avec le texte de la circulaire). Or, une circulaire a précisément un caractère plus impératif qu’un simple Vademecum ou une synthèse sur l’état de la recherche scientifique « qui renvoient les acteurs de terrain à leur liberté et à leurs responsabilités », comme le remarque à juste titre Pascal BOUCHARD, « alors que cette administration s'est résolue à publier le moins de circulaires possible  ». On peut ainsi s’étonner, face à un gouvernement qui préfère le dialogue, la souplesse et la bonne intelligence, que certains interprètent ce manque de coercition comme un prétexte à diminuer à leur guise les horaires de langues anciennes, au mépris des langues anciennes et de la parole d’un ministre.
 

            Aussi, nous estimons qu’il est plus que temps de hausser le ton en la matière, sans attendre la fin de l’année scolaire 2018-2019 comme l’indiquait Pascal CHARVET, et de rappeler de manière encore plus ferme que les Langues et Cultures de l’Antiquité ont vocation à « offrir à tous l’accès aux éléments fondamentaux d’une culture partagée », en fléchant d’urgence dans les DHG les 7 heures dues aux élèves sur le cycle 4, et en veillant à ce que les dotations complémentaires adéquates parviennent aux établissements ayant créé des groupes supplémentaires en raison d’une forte demande (> 30 élèves par niveau), afin d’ouvrir l’option pleine à tous les élèves qui souhaitent s’y inscrire. Il serait en outre souhaitable que l’incitation à ouvrir l’EPI 6e soit plus forte – d’autant que les programmes de mathématiques, d’Histoire-géographie-EMC ou de français s’y prêtent à merveille et tireraient un grand profit de l’intervention conjointe d’un professeur de lettres classiques – voire de l’inscrire dans les textes pour tous les élèves de 6e sans distinction. Avec l’arrivée des fiches « Lexique » prochainement en cycle 3, une heure de culture antique serait infiniment profitable.

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Pour la défense de l’école de la République,
Divers, Indépendants et Unis,

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Textes sources :

  • Circulaire n°2018-012 du 24-1-2018, MEN – DGESCO, p.2

  • id. p.1

  • Jean-Michel BLANQUER, L’École de demain, octobre 2016, p.73

  • CNARELA, communiqué de presse "Double langage, triple peine", 09/04/2018

  • Sondage réalisé en avril 2018 auprès de professeurs de lettres classiques en exercice, sur la situation des LCA dans leur établissement à la rentrée 2018 – 121 réponses, 30 académies, DROM inclus (pages 3 à 11 du document)

  • Entretien avec Pascal CHARVET sur le rapport « Les Humanités au cœur de l’École », accordé le 13 avril 2018 à la Vie des Classiques, p.2

  • Pascal BOUCHARD, Lettre de ToutEduc n°395, mercredi 31/01/2018 : http://www.touteduc.fr/fr/abonnes/article/id-14593-la-lettre-de-touteduc-n-395

  • Réponse à la question n°4432 de Monsieur le Député André CHASSAIGNE, publiée au JO le 10/04/2018, page 3021

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